Compte rendu (4912)

Commentaire

Synthèse :  La visite de l'unité de méthanisation d'Andelnans nous a permis de comprendre comment différents  déchets organiques se transforment en biométhane. Un projet innovant et audacieux qui a abouti à la réalisation de cette unité apportant satisfaction aux responsables de l'exploitation agricole. 
Visite : 
Les propriétaires de l'exploitation d'élevage de porcs (3000) et de vaches allaitantes  de race limousine nous ont retracé l'historique de leur projet innovateur et décrit les différentes étapes de la méthanisation.
Pourquoi une unité de méthanisation en 2015 ? ce projet est né sur une réflexion des conséquences nuisibles apportées par la pratique de l'épandage de fumier et de lisier en milieu péri-urbain. Les responsables de l'exploitation ont effectué des visites d'unités de méthanisation en Allemagne et en France, ils ont bénéficié par la suite de l'aide d'organismes tels que l'ADEME et GRDF 
Définition de la méthanisation : c'est  un procédé naturel et biologique qui conduit à la dégradation de matières organiques, grâce à l’action des micro-organismes dans un milieu chauffé, sans oxygène. Ces bactéries se trouvent à l’état naturel dans les déjections animales. Ce procédé permet de créer le biogaz qui peut ensuite être valorisé de différentes manières.
Les principaux intrants utilisés à Andelnans :
Les déjections animales : leur pouvoir méthanogène est faible mais elles apportent des bactéries essentielles à la réaction biologique.
Les cultures de type CIVE et leurs résidus (paille, céréales telles que le seigle semé fin août par obligation de couverture des sols, céréales appelées Cultures Intermédiaires à Valorisation Énergétique (CIVE)) : elles présentent un fort taux de matières sèches et ont également une teneur en carbone haute. elles servent de supports bactériens et favorisent le procédé de méthanisation.
Les co-substrats : ils sont utilisés comme complément aux substrats car le pouvoir méthanogène d’un substrat agricole n’est  pas assez élevé pour assurer seul la rentabilité du projet. Ces produits proviennent d’industries agroalimentaires pour les graisses ou les huiles, ou bien des restes alimentaires (biodéchets traités et livrés par une entreprise de Ribeauvillé à l'exploitation d'Andelnans).
Etape 1 : Les matières organiques sont généralement pré-traitées avant d’être envoyées dans le digesteur, elles sont broyées en fines particules afin de faciliter la réaction biologique (filière liquide) ou malaxées pour obtenir un intrant homogène (filière sèche).

Digesteur visite méthanisation Andelnans
Un des 2 digesteurs de voie humide 

Etape 2 : Chaque jour, les intrants alimentent le digesteur, enceinte fermée privée d'oxygène. Chauffé à 40°C par utilisation de leur propre gaz  et brassé à l'aide de deux agitateurs de paroi pendant 80 jours, le mélange se transforme en digestat, engrais naturel et en biogaz énergie renouvelable composée principalement de méthane (CH4),dioxyde de carbone (CO2), d'eau et d'autres gaz à l'état de traces.
Etape 3 : Le digestat solide est stocké en silo, le liquide en fosses couvertes. Ces matières sont ensuite épandues pour nourrir les sols. Un digesteur génère environ 16.000 tonnes de digestat.
Etape 4 : L'épuration. Le biogaz est séché et désulfuré après passage dans des charbons actifs puis il est  injecté dans le filtre à membranes. Un faisceau de membranes perméables laissent passer les molécules de CH4 et retient le CO2. Après son passage dans plusieurs filtres à membranes, le biogaz est devenu du biométhane composé à plus de 97 % de méthane.  
 

 Conteneur d’épuration membranaire
Conteneur d’épuration membranaire

Etape 5 : L'injection . L'unité de méthanisation d'Andelnans fonctionne en mode injection dans le réseau de distribution car le poste GRDF se trouve sur la propriété de l’exploitation, à quelques mètres du conteneur d’épuration membranaire, et la conduite de gaz naturel passe en limite de propriété de l’installation, (contexte très favorable). Avant d'être injecté le biométhane est odorisé pour être détectable en cas de fuite. Plusieurs analyseurs contrôlent en continu les caractéristiques du biométhane. Si les taux sont conformes, le biométhane est injecté dans le réseau. La régulation permet au biométhane d'être toujours prioritaire dans le réseau de distribution lorsque la vanne d'injection est ouverte. Un comptage permet de connaître la quantité de Biométhane injectée dans le réseau. 
Fonctionnement : 
L'unité d'Andelnans fonctionne en continu H 24  depuis août 2015, les responsables de l'exploitation agricole disposent de logiciels de surveillance avec envoi d'alarmes sur smartphone en cas de problèmes. Ils assurent eux-mêmes certaines réparations et sont assistés par un service de maintenance en cas de difficultés. Nous avons pu constater que les mauvaises odeurs liées à l'utilisation du lisier n'avaient plus cours dans cette exploitation. Un tracteur fonctionnant au GNV est utilisé  par les  exploitants de cette ferme. 
Quelques données sur la  méthanisation :
Nous avons été accompagnés durant cette visite par un conseiller GRDF qui nous a fourni aussi  des explications techniques sur la méthanisation et sur les conditions de raccordement au réseau de distribution. En fin de visite, il nous a présenté quelques chiffres et les  évolutions attendues pour notre région. On dénombre 3 unités de méthanisation dans le Territoire de Belfort. Au niveau de notre région, il existe 14 sites en injection, 8 sites en construction et 11 en étude détaillée. La production annuelle de biométhane de notre région s'élève à 338 GWH soit l'équivalent de 56 000 logements chauffés au gaz. A noter, la difficulté de convaincre les exploitations agricoles du Doubs de s'orienter sur la méthanisation en raison de leurs gains avec la vente du lait pour le comté. Une seule unité d'origine agricole dans le Doubs par contre des installations importantes pour l'usine d'épuration des eaux à Besançon. Au niveau des ENR, la méthanisation a une efficience supérieure à l'éolien et le solaire.  

En fin de visite nous avons remercié nos hôtes et le conseiller GRDF de nous avoir fait découvrir ce projet jugé un peu fou en 2015 mais qui a aujourd'hui une place majeure dans le cadre des énergies renouvelables. Bravo à ces deux exploitants !